Question évaluée : l’introduction d’inhibiteurs de tyrosine kinases (ITK) a largement contribué à améliorer la survie des patients atteints de leucémie myéloïde chronique (LMC). Pour autant il a été démontré que l’efficacité des ITK est conditionnée par l’observance sur le long terme. La question évaluée est de savoir un suivi pharmaceutique de ces patients permet d’améliorer, notamment de façon précoce, l’adhésion au traitement et les résultats thérapeutiques.
Type d’étude : monocentrique, prospective, interventionnelle
Méthode : randomisation en deux groupes de 23 patients : un groupe test qui bénéficie du suivi pharmaceutique et un groupe contrôle qui n’en bénéficie pas. Le suivi pharmaceutique est organisé mensuellement, 4 mois de suite, en plus de l’encadrement médical conventionnel.
L’analyse des données est effectuée selon :
- Analyses intragroupe dans le groupe avec intervention (avant vs après suivi) :
- Deux questionnaires pour l’évaluation de l’adhésion au traitement, de la perception du patient vis-à-vis de celui-ci et des problèmes rencontrés :
- Morisky
- Brief Medication Questionnaire
- Évaluation de la réponse tumorale et classement en 3 groupes selon les critères de l’European Leukemia Net (ELN) de 2013
- Comparaison intergroupe sur les altérations moléculaires
Résultats :
- Amélioration de l’adhésion au traitement : 23 patients adhèrent au traitement contre 15 avant le début du suivi (p<0,02),
- Diminution de nombre de patients rapportant des symptômes en lien avec la LMC ou avec le traitement (35% vs 7%),
- Amélioration quantitative de la réponse moléculaire dans le groupe test sur le critère BCR-ABL,
- Comparaison intergroupe : diminution du nombre de patient avec des anomalies du caryotype après 4 mois dans le groupe suivi, diminution non-retrouvée dans le groupe contrôle.
Points forts :
- Étude contrôlée,
- Évaluation multiple de l’adhésion à l’aide de questionnaires validés,
- Évaluation de l’impact clinique de l’amélioration de l’adhésion.
Points faibles :
- Faibles effectifs dans chaque groupe,
- Les données démographiques des patients ne sont pas accessibles,
- Sur la forme, l’étude est parfois peu claire quant au nombre de patient dans chaque groupe et des patients dont il est question dans certaines figures,
- Les critères d’inclusion sont mal explicités, de même que le contenu du suivi pharmaceutique,
- Pas de détail sur ce qu’il advient pour les patients après les 4 mois de suivi.
Conclusion : le suivi pharmaceutique des patients atteints de LMC et ITK par voie orale semble avoir un impact positif et rapide sur la réponse tumorale, les symptômes associés et l’adhésion du patient au traitement.
Implication : Cette étude renforce l’idée que le pharmacien a un rôle important à jouer dans la suivi des patients traités par ITK, et de façon précoce. En revanche, les approximations méthodologiques et le manque d’informations diminue la qualité de cette étude et d’autres travaux mieux construits, multicentriques, doivent être menés, toujours en associant les données d’adhésion et résultats thérapeutiques.
Rédigé par Marion CONSTANTIN et Olivier REGNIER-GAVIER