Question évaluée : Les diffuseurs portables sont des dispositifs médicaux d’utilité pour l’administration de chimiothérapies sur plusieurs jours et au domicile du patient. Leur sécurité, leur coût et la satisfaction des patients en font une option thérapeutique nettement préférée aux pompes de perfusion conventionnelles. La principale réserve liée à ces dispositifs est leur hétérogénéité de débit pouvant varier de ± 10% jusqu’à ± 40%. Pour pallier ce risque il est aujourd’hui proposé aux patients d’évaluer le bon dégonflement de l’élastomère du réservoir durant l’intercure en se fiant aux indicateurs de volume. Cette méthode n’étant pas la plus précise, l’objectif de cette étude est d’évaluer l’intérêt d’une pesée des diffuseurs pour en suivre l’administration.
Type d’étude : Monocentrique prospective interventionnelle.
Méthode : n=76 patients ont reçu 103 diffuseurs de 5-Fluorouracile (5-FU) sur deux mois. Le volume de 5-FU était administré sur 46 heures au débit théorique de 5 mL/min.
A la 24ème heure, les patients étaient invités à revenir à l’hôpital pour y faire peser leur diffuseur. La pesée était réalisée sur une balance de cuisine calibrée au préalable par la PUI. En cas de sous ou sur-débit, les patients étaient orientés vers le service d’hôpital de jour.
Un questionnaire satisfaction était également complété par les patients
Résultats :
- 96% des diffuseurs ont présenté un débit supérieur au débit théorique,
- Le débit calculé allait de 3,94 à 6,70 mL/min, avec un débit moyen de 5,69 mL/min,
- Seuls 23% des diffuseurs étaient dans la marge d’acceptation de 10% (4,5 - 5,5 mL/min),
- La moitié des patients n’ont pas indiqué de préférence entre le contrôle visuel ou la pesée. Une minorité préférait le contrôle visuel. Cette proportion diminuait pour les patients ayant un historique de 8 cycles (et plus) de 5-FU.
Points forts :
- Étude en vie réelle évaluant le débit moyen et le risque de surdosage sur un nombre conséquent de patients,
- Sécurisation de l’administration des chimiothérapies à domicile et éducation du patient sur l’utilisation de ses dispositifs médicaux,
- Méthode aisément transposable dans la pratique quotidienne.
Points faibles :
- Un seul type de diffuseur portable évalué (et donc un seul débit),
- Biais de manipulation du diffuseur par le patient au cours de l’étude (plus que lors d’une utilisation réelle),
- Caractéristiques des patients et de l’environnement non documentées (site de perfusion, température cutanée, température extérieure, vêtement sur bague de débit du diffuseur),
- Signes cliniques et effets indésirables des surdosages éventuels non-discutés,
- Les auteurs ne discutent pas de l’adhésion des patients au schéma de pesée à domicile.
Conclusion :
Cette approche originale confirme les observations faites en laboratoire sur la précision et l’exactitude du débit des diffuseurs portables. Ces résultats confirment indirectement que l’utilisation des diffuseurs portables est une méthode envisageable pour l’administration de molécule à marge thérapeutique non-étroite et dont les variations du débit d’administration ont peu d’impact clinique. Des évolutions sont encore nécessaires sur ces dispositifs pour en améliorer précision et exactitude.
Rédigé par Lionel TORTOLANO