Question évaluée : La mise sur le marché de la forme sous-cutanée (SC) de rituximab a été précédée d’études de pharmacocinétique ayant démontré la bio-équivalence avec la forme intraveineuse (IV). La forme SC a l’avantage de réduire le temps d’administration et d’éviter l’infraction IV. Au-delà de ces considérations, la présente étude a voulu évaluer cette fois la préférence de patients traités par rituximab pour un lymphome folliculaire (LF) ou un lymphome diffus à grande cellules B (LDGCB), entre une administration SC ou IV.
Type d’étude : Étude prospective, internationale, multicentrique, ouverte, randomisée et en cross over.
Méthode : Cohorte de patients en intention de traiter (n=743) présentant un LF ou un LDGCB.
Les patients étaient traités par 8 cycles de rituximab (en association à une chimiothérapie puis parfois en monothérapie) espacés de 14 à 28 jours selon les cas. La première administration de rituximab était intraveineuse.
Les patients étaient répartis en deux bras : le premier bras (A) recevait la forme SC pour les cycles 2 à 4 puis la forme IV pour les cycles 5 à 8. Le second bras (B) recevait les 4 premiers cycles par voie IV et les 4 suivants par voie SC.
L’évaluation de la préférence des patients reposait sur trois questionnaires validés :
- Le Patient Preference Questionnaire (PPQ) aux cycles 6 et 8 : score reposant sur le choix de la voie d’administration préférée, l’intensité de cette préférence puis le choix de 2 raisons parmi 5, (objectif principal)
- Le Cancer Treatment Satisfaction Questionnaire (CTSQ) et le Rituximab Administration Satisfaction Questionnaire (RASQ) aux cycles 4 et 8 (objectifs secondaires) : ces questionnaires attribuent un score de 0 (pire) à 100 (meilleur) sur les aspects suivants :
- CTSQ : les attentes de la thérapie, les ressentis à l’égard des effets indésirables, et la satisfaction liée au traitement.
- RASQ : l’impact physique, l’impact psychologique, l’impact sur l’activité quotidienne, les commodités et la satisfaction.
Résultats :
En objectif principal, la majorité des patients ont exprimé une préférence pour la voie SC, 79-81% au cycle 6 et 77-84% au cycle 8, respectivement. Dans l’ordre, les raisons invoquées étaient que la voie SC « requiert moins de temps à l’hôpital » (68-69%), les patients « se sentent plus à l’aise » (37%) et « se sentent moins stressés émotionnellement » (28-29%).
En objectif secondaire, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes pour le score CTSQ. Pour le score RASQ, la voie SC a été préférée sur des items d’impact psychologique, de commodité et d’activité quotidienne. Il n’y avait pas de différence en revanche en matière d’impact physique.
Points forts :
- Design de l’étude et nombre de patients,
- Résultats cohérents avec une précédente étude MABEASE (Lugtenburg Hematol Oncol 2015),
- Utilisation de questionnaires validés dont un spécialisé « rituximab » (RASQ).
Points faibles :
- L’étude n’a pas été conçue pour différencier les populations recevant du rituximab seul ou en association.
- Les auteurs ne discutent pas du ressenti des patients du groupe A qui expérimentent deux transitions (IV à SC à IV) versus une seule transition pour le groupe B (IV à SC).
Conclusion/Implications en pratique :
Le design en cross over permet de confirmer les précédentes données de l’étude MABEASE. Sur la base d’un profil d’efficacité et de tolérance similaire, les patients confirment leur préférence pour la voie SC dans 2 questionnaires sur 3. L’avènement des anticorps monoclonaux administrés par voir SC semble répondre aux attentes des patients, en plus d’améliorer les contraintes des hôpitaux de jour en matière d’occupation de lit et de temps de présence des patients.
Rédigé par Marie DELMOTTE et Florian SLIMANO