Question évaluée : Le carboplatine est un alkylant largement utilisé en oncologie. Il existe beaucoup de données sur sa stabilité dans le glucose 5%, solvant préférentiellement recommandé dans les RCP. En revanche il existe très peu de données sur sa stabilité dans le chlorure de sodium, en partie du fait de la possible dégradation du carboplatine en cisplatine en présence d’ions chlorures [1]. Le département de pharmacie du MD Anderson a évalué la stabilité physico-chimique du carboplatine en poche de polychlorure de vinyle dans le NaCl 0,9% selon différentes conditions de stockage (température, lumière).
Type d’étude : étude de stabilité
Méthode :
- stabilité physique : examen visuel (recherche d'un changement de coloration et apparition d'un précipité), examen subvisuel par turbidimétrie et comptage particulaire,
- stabilité chimique : HPLC, détecteur DAD (λ=210 nm).
Résultats :
- Examen visuel : pas de changement de coloration et absence de précipitation,
- Turbidimétrie et comptage particulaire : pas de changement significatif (résultats non-présentés),
- Stabilité chimique : la dégradation du carboplatine à température ambiante est inversement proportionnelle à sa concentration :
Concentration carboplatine | Température 23°C | Température 4°C |
0,5 mg/mL | 3 jours | 7 jours |
2,0 mg/mL | 5 jours | 7 jours |
4,0 mg/mL | 7 jours | 7 jours |
Points forts :
- Examen par turbidimétrie (rarement fait dans les études de stabilité),
- Méthode HPLC parfaitement décrite (composition phase mobile, colonne, débit, longueur, d’onde de détection,
- La méthode décrite et utilisée est conforme aux « stability indicating» (démonstration de la capacité de la méthode à détecter et séparer la molécule de ses produits de dégradation. A l’aide d’une dégradation forcée,
- Méthode linéaire et répétable validée,
- Choix judicieux de présentation sous forme de tableau, coefficients de variation corrects, résultats cohérents.
Points faibles :
- Absence de commentaires sur les produits de dégradation. En particulier, la présence de cisplatine (dont la toxicité est spécifique) est discutée en début de manuscrit mais lors de la démonstration de la capacité indicatrice de stabilité, lorsque les auteurs affirment que le carboplatine est bien séparé de ses produits de dégradation, le cisplatine n’est plus mentionné (donc pas identifié ?),
- Absence de chromatogramme (pas un point faible en soi mais toujours préférable),
- La définition de la stabilité physico-chimique utilisée est de 90% de la concentration initiale en solution alors qu’il est préférable de se borner à 95%, notamment pour les molécules cytotoxiques [2, 3].
Conclusion/Implications en pratique : Nous disposions de peu de données de stabilité du carboplatine dans du NaCl et cette étude nous apporte une stabilité de 7 jours à 4°C. Elle encourage donc une préparation à l’avance dans le cas d’une impossibilité d’utilisation du G5% par exemple. Encore une fois, on peut regretter l’absence d’investigations sur la possible présence de cisplatine.
Rédigé par Laure CHAUCHAT et Pauline LIDER
[1] Allsopp MA, Sewell GJ, Rowland CG, Riley CM, Schowen RL. The degradation of carboplatin in aqueous solutions containing chloride or other selected nucleophiles. Int J Pharm 1991; 69(3): 197-210
[2] International Conference on Harmonisation of technical requirements for registration of pharmaceuticals for human use, Stability testing of new drug substances and products – ICH Q1A(R2) Step 4, February 2003
[3] Bardin C, Astier A, Vulto A, Sewell GJ, Vigneron J, Trittler R, et al. Guidelinees for the practical stability studies of anticancer drugs: A European consensus conference. Ann Pharm Fr 2011; 69(4): 221-31