Question évaluée : L’étude traite de la problématique de la polypharmacie chez les patients âgés atteints de cancer. L’objectif principal est la comparaison d’une utilisation séquentielle de trois échelles d’évaluation de la pertinence de la prescription (les critères Beers, START/STOPP et le Medication Appropriatness Index MAI) contre les seuls critères de Beers. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer le nombre moyen de médicaments déprescrits par patient, les couts évités et le temps associé aux interventions du pharmacien.
Type d’étude : Prospective monocentrique menée sur 8 mois.
Méthode : Pour chaque patient recueil des données cliniques (type de cancer, ECOG, symptômes ressentis, allergies), réalisation d’un bilan médicamenteux optimisé et détection d’interactions médicamenteuses. Dans un premier temps, une utilisation séquentielle des trois outils versus Beers permettait la détection des prescriptions potentiellement inappropriées Dans un second temps, le pharmacien engageait, si pertinent, une déprescription des médicaments potentiellement inappropriés après discussion avec le patient, l’oncologue et l’équipe soignante.
Résultats : Au total les données de 26 patients ont été colligées (âge 81 ans [65-92]), le nombre moyen de médicaments était de 12 [5-24], le temps pharmacien associé de 30 minutes [18-77]. En cumulé n=312 médicaments ont été recueillis (197 prescrit et 113 hors prescription) avec en moyenne 4 interactions/patient [0-11] dont n=10 interactions médicamenteuses en lien avec leurs traitements oncologiques. Au total 119 prescriptions potentiellement inappropriées ont été détectées avec l’utilisation simultanée des 3 outils versus 38 avec Beers uniquement. Parmi elles 73% (87 sur 119) des médicaments identifiés ont été déprescrits soit 3 par patients (0-12). Seize patients ont pu être suivi permettant de mettre en évidence une réduction de certains symptômes et effets indésirables (seules deux médicaments ont été réintroduis). Le gain estimé était de 111 390 $ (4 282,27 $ / patient). Le cout associé au salaire du pharmacien a été mesuré pour 26 patients à 110 470 $.
Points forts :
- Confirme l’impact du pharmacien en oncogériatrie et la nécessité de bilans médicamenteux systématiques,
- L’étude associe des critères pharmaceutiques, économiques et a réussi à mesurer le temps associé à ces démarches de pharmacie clinique.
Points faibles :
- L’évaluation de l’amélioration clinique après déprescription semble subjective,
- Faible nombre de patient et un seul centre d’étude,
- Extrapolation de certains coûts comme ceux d’évitement d’un évènement indésirable grave,
- Cout en dollars : estimation du coût par exemple : évitement d’un évènement indésirable grave 2 200 $.
Conclusion/Implications en pratique : Cette étude met en évidence l’impact positif d’un processus de révision des prescriptions médicamenteuses dans la pratique quotidienne. La déprescription doit être réalisée de manière collégiale pour permettre une bonne acceptation du processus (ici 73%).
Rédigé par Clément CARBASSE