Question évaluée : La prise en charge médicamenteuse des patients en hôpital de jour de cancérologie nécessite une organisation avec la pharmacie pour la préparation des médicaments. La réduction des délais d’attente justifie des expérimentations permettant de réduire le délai de mise à disposition des traitements d’une part, et de limiter les risques de saturation des capacités de production d’autre part. Une équipe américaine a évalué la mise en place d’un dispositif d’anticipation de la préparation des anticancéreux injectables sur le temps de mise à disposition
Type d’étude : Étude de type « avant-après » mise en place du dispositif.
Méthode : Étude conduite durant 10 mois. La figure ci-dessous a été créée à partir de l’article. Afin de minimiser les potentielles pertes financières, l’inclusion des spécialités au sein de l’étude a été réalisée sur la base des trois critères suivants : médicament à faible coût, fréquence d’utilisation élevée et stabilité physico-chimique compatible avec une péremption supérieure à 30 heures.
- Période n°1: Observation de 4 mois puis pause de 2 mois,
- Période n°2: Période de mise en place et d’évaluation du dispositif.
- Celle-ci a été découpée en 2 phases successives de 2 mois chacune :
- Phase I : anticipation de 4 médicaments seulement dans un premier temps, tous préparés manuellement avec un faible volume de préparation (n = 48),
- Phase II : anticipation de 14 médicaments dont certains préparés avec un automate dédié, nombre plus important de médicaments (n=489).
- Celle-ci a été découpée en 2 phases successives de 2 mois chacune :
Figure 1 : Schéma descriptif du design de l’étude
Lors des deux périodes étaient recueillis : nombre de préparations effectuées, délai de mise à disposition entre le « OK chimio » et l’arrivée du médicament dans le service. Lors des phases I et II, la validation pharmaceutique des prescriptions et la préparation des anticancéreux injectables s’effectuait la veille de la convocation du patient. Il y avait une vérification supplémentaire par le pharmacien au moment de la libération de la préparation le jour même par soucis de sécurité.
Résultats : Il y a eu une augmentation de la production globale des anticancéreux injectables entre les deux parcours, de 7 720 à 10 290, respectivement. Sur un total de n=686 préparations étudiées (n=48 en parcours n°1 et n= 489 en parcours n°2), n=537 ont été dispensé et administrées au patient et n=149 ont été jetées, soit une perte de 21,7%.
En matière de délai de mise à disposition :
- diminution d’un délai médian de 45 à 24,2 minutes, soit une réduction de 46,2% (20,8 min) du temps médian pour les préparations anticipées,
- diminution du temps médian de mise à disposition de 44 à 40 minutes pour les médicaments non-inclus dans le dispositif d’anticipation, soit une amélioration de 9,5% (4 min).
- augmentation non-significative du pourcentage de préparations jetées, de 0,85% à 2,9%.
Points forts :
- Malgré une augmentation du volume global de préparation entre les deux périodes, le dispositif a tout de même permis une amélioration du temps médian de mise à disposition.
Points faibles :
- Pas de surcoût chiffré des pertes de médicaments non administrés et les moyens humains supplémentaires mis en place,
- L’étude ne mentionne pas l’exhaustivité de l’anticipation pour les médicaments sélectionné et ne décrit pas la méthode (supposée) de sélection des préparations à anticiper,
- Pas de mesure du délai d’attente global du patient depuis son admission, et jusqu’à sa sortie d’hospitalisation,
- Le module informatique de gestion des préparations anticipées ne permettait pas le contrôle par les pharmaciens le jour même avec une charge supplémentaire de travail et un risque paradoxal d’allongement du temps de mise à disposition,
Conclusion/Implications en pratique :
Méthode intéressante mais assez classique d’anticipation des préparations avec un bénéfice mesuré en temps médian similaire aux expérimentations déjà publiées. Le vaste chantier de l’anticipation des préparations ou du OK chimio médical (deux systèmes non-exclusifs) mérite dorénavant des approches plus complexes qui pourraient notamment faire appel à l’intelligence artificielle. Une notion systématique de cout (relatif et absolu) semble également indispensable pour convaincre les directions hospitalières dans la mise en place de ces dispositifs.
Rédigé par Julien STEVENIN