Question évaluée : Le développement de la voie sous-cutanée (SC) pour l’administration des anticorps monoclonaux a un impact à la fois sur la qualité de vie des patients et sur l’organisation des Hôpitaux de Jour (HDJ). L’objectif de cette étude est d’évaluer l’apport de la voie SC en comparaison à la voie intraveineuse (IV) sur l’organisation d’un HDJ d’oncologie en conditions réelles et en matière de gain de temps.
Type d’étude : Étude française prospective observationnelle monocentrique menée sur 5 jours en mars 2015 dans un HDJ disposant de 50 lits et traitant exclusivement des tumeurs solides (dont 62% de cancer du sein).
Méthode : Les patients recevant un traitement adjuvant et volontaires ont reçu à leur arrivée en HDJ une feuille de relevé à compléter durant leur séjour. Le relevé des horaires était structuré de manière à distinguer les temps médicaux des temps d’attente. Les traitements prescrits et préparés par anticipation ont été distingués des prescriptions non anticipées.
Résultats : Les données de 48 patientes ont été analysées. La prescription et la préparation ont été anticipées pour 89% des patientes.
La durée totale de présence en HDJ était de 1h32 pour la voie SC (n=13) versus 2h28 pour la voie IV (n=35). La réduction du temps total était principalement due au temps d’administration réduit de 82%. Le temps d’occupation du fauteuil par le patient était réduit de 62% avec la voie SC tout en permettant une augmentation du temps de surveillance post administration par rapport à la voie IV. La répartition temps médicaux/temps d’attente était de 50%/50% pour la voie SC contre 66%/34% pour la voie IV.
Points forts :
- Comparaison de traitements en monothérapie : la seule variable est la voie d’administration (IV ou SC),
- Séquençage en temps médicaux et temps d’attente permettant de cibler les périodes sans valeurs ajoutées,
- Peu d’articles ont été publiés sur l’impact des voies SC sur le temps d’attente en HDJ.
Points faibles :
- Les auteurs semblent se focaliser sur une thérapie ciblée sans jamais la citer (même si on devine le trastuzumab), ce qui limite la portée de l’étude,
- Faibles cohortes de patientes dans le bras « SC » (12 patients) et dans le bras « non anticipés » (5 patients) rendant difficile l’interprétation et l’extrapolation des résultats.
- Perception du parcours par les patients jugée exclusivement sur les temps d’attente et pas sur la satisfaction,
- Hormis la réduction du temps d’administration, les résultats sont difficilement transposables à d’autres établissements car ils dépendent de l’organisation interne à chaque HDJ et de leur proximité avec l’unité de préparation. L’impact de la voie SC sur l’organisation actuelle du service n’est pas clairement défini et une réorganisation autour de la voie SC n’est pas proposée. Enfin l’argument du temps de surveillance est limité dans la mesure où ce temps est avant tout règlementaire.
Conclusion/Implications en pratique :
La voie SC peut permettre de réduire significativement le temps de présence des patients en HDJ et d’optimiser l’occupation des fauteuils mais cela implique qu’une réorganisation spécifique autour de cette voie soit préalablement mise en place. D’autre part, l’intérêt économique de la voie SC par rapport à la voie IV devra être rediscuté avec l’arrivée des biosimilaires du trastuzumab IV attendu en 2018.
Rédigé par Marie PETER et Johan BOURBON