Question évaluée : Les traitements anticancéreux oraux (TAO) permettent d’améliorer la qualité de vie des patients ambulatoires mais créent de nouvelles difficultés pour les patients et pour les praticiens, notamment en matière d’observance. Cette étude a évalué l’observance chez des patients ambulatoires après mise en place d’un programme d’adhérence thérapeutique mené par un pharmacien clinicien. Le but était d’augmenter leur observance de 30%.
Type d’étude : Étude avant/après, quasi-expérimentale.
Méthode : L’observance a été mesurée avant et après mise en place du programme à l’aide de l’indice de possession de médicament ou Medication Possession Ratio (MPR). Le patient était considéré comme observant si son MPR était compris entre 80 et 120%. N=54 dossiers de patients ayant eu au moins 3 délivrances de TAO ont été sélectionnés de façon randomisée entre Avril 2013 et Septembre 2016 afin de déterminer le MPR avant intervention. Une analyse de cause à effet permettant d’identifier les obstacles à l’observance a été réalisée et a conduit à l’élaboration du programme d’adhésion thérapeutique. Celui-ci comprenait notamment la planification d’entretien pharmaceutique au cours des 3 premiers cycles permettant le suivi des effets indésirables et la gestion du traitement. Les patients ayant eu une prescription de TAO entre Octobre 2016 et Novembre 2017 ont tous été inclus dans l’étude prospective et ont bénéficié du programme d’adhésion thérapeutique. D’autres indicateurs ont été relevés : le nombre d’interventions, les visites aux urgences et le nombre d’hospitalisations.
Résultats : N=54 patients ont été inclus dans la phase rétrospective et n=52 patients au programme d’adhésion mis en place. L’observance a augmenté de 37 à 85% (p<0,0001) en 1 an. Huit obstacles potentiels à l'observance ont été identifiés : problèmes liés aux patients, contraintes financières, accès aux médicaments, transport, soutien des médecins, éducation, effets indésirables et services d’accompagnement. Un total de 655 interventions a été réalisé par un pharmacien. Le nombre de visites aux urgences menant à des hospitalisations est passé de 52 à 62 % au cours de la période d'étude.
Points forts :
Identification et gradation des obstacles à l’observance effectuées à la fois par les patients sous TAO et par les professionnels de santé.
Points faibles :
- Représentativité de la population : patients précaires, sous ou non assurés.
- Facteurs extérieurs non pris en compte dans le calcul du MPR (retards de prise en charge par l’assurance ou patients allant chercher leur traitement avant la date de début de cycle par exemple).
- Durée du suivi dans le groupe d'intervention plus courte que dans la phase rétrospective (visites aux urgences et nombre d’hospitalisations statistiquement non significatives).
Conclusion/Implications en pratique : Cette étude démontre que la mise en place d’un programme d’adhésion thérapeutique aux TAO mené par un pharmacien clinicien, associé à des outils à faible coût (piluliers, calendriers de prise) peut avoir un impact significatif sur l’observance. Pour cela, il est important d’avoir une approche collaborative multidisciplinaire permettant d’identifier les obstacles à l’adhésion, variables en fonction du type de patients.
Rédigé par Edouard VANGHELUWE et Constance MAURATILLE