Question évaluée : Les thérapies orales poursuivent leur dynamique de développement dans le domaine de l’oncohématologie. Ces médicaments sont développés à doses fixes alors qu’il existe une forte Variabilité Inter-Individuelle (VII). Le Suivi Thérapeutique Pharmacologique (STP) est un moyen de détecter et donc limiter ces VII. Il n’existe à ce jour aucune recommandation homogène sur la mise en œuvre du STP pour ces thérapies orales. Il y a donc un intérêt majeur, clinique et économique, à identifier les médicaments les plus à risques de VII et dont la pertinence d’un STP est la plus importante.
 Type d’étude : Validation de score sur une base bibliographique
 Méthode : Les médicaments étudiés (a minima avec autorisation de la Food & Drug Administration en septembre 2021) ont été choisies selon les critères d’inclusion :
- VII pharmacocinétique (PK)
- Faisabilité d’adaptation des doses
- Existence d’une relation entre efficacité et concentration plasmatique (ERR)
- Existence d’une relation entre toxicité et concentration plasmatique (ESR)
- Index thérapeutique étroit
- Administration répétée et chronique
- Absence de marqueur clinique ou biologique facilement mesurable
- Mesure fiable et reproductible dans le cadre de soins quotidiens
Les données ont été collectées auprès de la FDA, dans la littérature et dans les essais de phase 1, 2 et 3.
Le score final est issu d’un calcul de point selon les critères suivants :
- Aire sous le courbe (AUC) et influence de l’alimentation sur la biodisponibilité
- AUC et influence des inhibiteurs de la pompe à protons
- Coefficient de variation de l’AUC
- Linéarité ou non de la PK
- Présence ou non de métabolites actifs
- Demi-vie du médicament
- Données sur ERR
- Données sur ESR
Enfin, ce score a été validé avec une évaluation par validité externe (témoin négatif avec l’acétate d’abiratérone) et 6 médicaments non-anticancéreux.
Le score final est compris entre 0 et 100 points (pts). Plus ce score est élevé, plus un STP de la molécule est justifié et cliniquement pertinent.
Résultats : 67 médicaments ont été étudiés. L’Acalabrutinib a obtenu le score le plus faible (15 pts) et le Sunitinib le plus élevé (80 pts) ; le score médian était de 49 pts.
Points forts : Ce score est quantitatif et reproductible. Il a été validé avec des données cliniques comme le ESR et le ERR. La distribution des points suit une échelle normale, ce qui permet de différencier 3 catégories de candidats au STP.
Les scores obtenus ont été comparés avec des données de la littérature, qui confortent les résultats de cet article et l’importance ou non de la mise en œuvre d’un STP. La présence d’une évaluation par une validité externe est cliniquement pertinente.
Points faibles : Les sources des données varient selon la date d’approbation des médicaments (études de phase 1 pour les plus récentes, 2 et 3 pour les plus anciennes). Le score ne comprend aucun critère de variabilité intra-individuelle ; il ne prend pas en compte l’indication des médicaments, ni si ceux-ci sont utilisés en association ou en monothérapie.
 Conclusion/Implications en pratique : Cette étude doit inciter au développement du STP pour les médicaments ayant les scores les plus élevés, ce qui devrait améliorer la prise en charge des patients en tendant vers une médecine de plus en plus personnalisée. Elle donne des clés aux pharmaciens cliniciens, en lien avec leurs collègues des laboratoires de pharmacologie médicale, pour proposer la mise en œuvre du STP aux oncologues et hématologues notamment dans le cadre des accompagnements tripartites maintenant bien développés en France.
 Rédigé par Camille AVET-L’OISEAU et Anne TOULEMONDE