Question évaluée : Le but de cette étude est d'évaluer la contamination externe (CE) des flacons contenant des médicaments anticancéreux à l'occasion de leur réception par les pharmacies hospitalières.
Type d’étude : Étude transversale menée entre janvier et mars 2018.
Méthode : L’étude est menée dans quatre hôpitaux canadiens. Neuf références de médicaments anticancéreux, formes orales ou injectables, ont été étudiées : cyclophosphamide, docétaxel (DOC), 5-fluorouracile (5-FU), gemcitabine (GEM), ifosfamide (IFO), irinotécan, méthotrexate (MTX), paclitaxel et vinorelbine (VIN). Les échantillons étaient prélevés par le personnel de la pharmacie à l’aide de lingettes (6 x 8 cm)  humidifiées avec 1 mL de solution d'échantillonnage (10 % de méthanol et 90 % de 5 mmol/L d'acétate d'ammonium). Une seule lingette était utilisée pour cinq flacons de la même dose, du même lot et fabricant. Les extractions obtenues étaient analysées pour détection et quantification par chromatographie liquide ultra-performante couplée à un spectromètre de masse en tandem (UPLC-MS-MS) avec une colonne C18 Acquity UPLC HSS T3.
Résultats : Vingt-et-un prélèvements ont été effectués sur 105 flacons dont une majorité d’injectables (95 %). Une CE était détectée sur 71 % des échantillons (n = 15). La valeur la plus élevée de CE était sur les flacons de GEM à 292 ng. Aucun des échantillons n'était positif pour le DOC, le 5-FU, l'IFO et la VIN. Parmi les 21 prélèvements, 6 ont été réalisés directement sur des flacons avec un film plastique, dont 83 % étaient positifs (maximum 17 ng/flacon). La CE croisée avec d’autres anticancéreux a concerné 16 échantillons (76 %). La GEM et le MTX étaient les médicaments les plus fréquemment mesurées sur d'autres flacons d’anticancéreux.
Points forts :
- Étude multicentrique analysant plus de 100 flacons.
- Analyse à la fois de flacons nus et protégés par un film plastique.
- Liste exhaustive des CE des formulations disponibles au Canada en 2018.
Points faibles :
- Toutes les formulations n’étaient pas été disponibles pendant la période de l’étude.
- Une seule lingette a été utilisée pour cinq flacons du même lot. La précision de la proportion d'échantillons contaminés aurait été plus fiable si une lingette par flacon avait été utilisée.
- Les différences entre les types de flacons, d'emballages, ou la quantité de principe actif dans le flacon n’ont pas été prises en compte.
Conclusion/Implications en pratique : Dans cette étude, la majorité des lots échantillonnés était contaminée dès leur réception par les centres hospitaliers. Ces résultats confirment la nécessité d'exigence d'un haut niveau de protection du personnel, notamment pour les travailleurs de porter des gants lors de la réception et du déballage des anticancéreux. Le nettoyage des flacons qui sont reçus à la pharmacie hospitalière pourrait également contribuer à réduire cette CE avant leur stockage.
Rédigé par Antoine FAUCHERON