Question évaluée : Les traitements par ibrutinib augmentent la survie des patients atteints d’hémopathies malignes à cellules B. Une importante part des arrêts de traitement ont montré être dus à des toxicités. Cette étude vise à évaluer l'impact d'un programme de soins pharmaceutiques sur l'efficacité et la tolérance de l'ibrutinib.
Type d’étude : Étude observationnelle, prospective et monocentrique.
Méthode : L’étude est menée dans un centre où les patients peuvent être intégré, sur décision de leur hématologue, dans un parcours de soins intensifié par rapport au parcours de soins courant. Ce parcours, appelé programme de soins pharmaceutiques (PCP), est mené par des pharmaciens cliniciens spécialisés en oncologie qui coordonnent les différents axes du programme : éducation des patients pour la gestion des toxicités, surveillance de l'observance, interventions pour réduire les interactions médicamenteuses et coordination du lien ville-hôpital. L’étude analyse l’ensemble des patients du centre ayant reçu de l’ibrutinib sur une période donnée. Les auteurs s’intéressent à des critères de tolérance, d’observance et de survie en comparant les patients ayant bénéficié de ce programme aux patients ayant reçu des soins courants.
Résultats : Entre février 2014 et mai 2017, l’étude a inclus 155 patients, dont 42 (27%) qui ont bénéficié du programme et 113 (73%) ayant eu un parcours de soins habituel. La survie sans progression à 30 mois était significativement supérieure dans le groupe programme (p = 0,002). L'effet du programme a été bénéfique en termes de survie globale (p = 0,004) ainsi que sur le temps à l'échec du traitement (p = 0,0005). Les événements indésirables de grade 3 ou plus sont survenus plus fréquemment chez les patients du groupe de soins habituels (15%) que dans le groupe programme (8%).
Figure 1. Comparaison des temps à l'échec du traitement. L'analyse de Kaplan-Meier montre la probabilité du délai avant échec dans le groupe PCP (Pharmaceutical Care Program) par rapport au groupe témoin. Le délai médian avant l'échec du traitement n'est pas atteint à 30 mois dans le groupe PCP par rapport à un délai médian de 27 mois dans le groupe contrôle. A 6 mois, 90% des patients du groupe PCP étaient toujours traités, contre 60% dans le groupe de soins habituels
Points forts :
L’étude s’intéresse à des indicateurs cliniques : survie sans progression, temps à l’échec du traitement, survie globale.
Points faibles :
- Répartition non randomisée entre les groupes : nécessité d’appariement par un score de propension
- Étude monocentrique
Conclusion/Implications en pratique : Cette étude montre qu’un programme de soins pharmaceutiques fournit un environnement personnalisé pour le suivi ambulatoire et le contrôle des principaux risques associés aux agents anticancéreux oraux. L’utilisation d’indicateurs de survie habituellement utilisés dans les études interventionnelles de cancérologie montre qu’un impact d’une telle organisation peut être étudié et valorisé sous cet angle. La coordination du traitement par ibrutinib par les pharmaciens cliniciens entraîne dans cette étude monocentrique une amélioration significative de la survie et une meilleure tolérance que les soins habituels.
Rédigé par Jérémie ZERBIT