Question évaluée : évaluer les différents types d’erreurs de prescriptions, les interventions pharmaceutiques (IPs), leur taux d’acceptation et leur impact clinique.
Type d’étude : étude prospective transversale d’une période de 8 mois (juillet 2014- mars 2015) dans un service d’oncologie de 15 lits. Critère d’inclusion : prescription informatique ayant au moins deux médicaments.
Méthode : analyse pharmaceutique avec référentiels (UptodateTM, Thomson MicromedexTM, protocoles d’établissement). Les erreurs étaient transmises aux internes et classées par catégories : interaction médicamenteuse, sur/sous dosage, médicament non-indiqué, rythme/voie d’administration, contre-indication, effet indésirable, inefficacité thérapeutique. Les IPs étaient classées comme : acceptée, partiellement acceptées, non acceptées. L’impact clinique d’une erreur de prescription était gradé en 5, de « vital » à « nul ». L’impact de l’IP était classé en : extrêmement significatif, très significatif, significatif, peu significatif, non significatif, dangereux.
Résultats : au total n=1874 prescriptions ont été analysées chez 248 patients, le nombre moyen de médicaments par patient étaient de 7,6±7,7. Il y avait n=283 erreurs rencontrées impactant 133 patients, les plus fréquentes étant les interactions médicamenteuses dangereuses (31%), les surdosages (23%). Les principales classes concernées étaient les médicaments de la voie digestive et du métabolisme, les anti-infectieux. N=294 IPs pour 216 acceptées (taux d’acceptation 73,5%) et le type d’erreur n’influençait pas statistiquement ce taux. Au final 76% des erreurs étaient classées comme étant cliniquement significatives et 72% des IPs sont classées comme étant très significatives.
Points forts : peu d’études focalisées sur l’analyse pharmaceutique en oncologie sont publiées dans les revues avec comité de lecture. La notion de pertinence clinique de l’erreur et de l’IP est également un point fort.
Points faibles : cette étude manque de précision au moins dans sa rédaction concernant :
- le mode de transmission de l’IP (oral, informatique ou autre),
- présence pharmaceutique dans le service (temps dédié),
- le type de pharmacien (interne, senior),
- nombre d’erreurs (283) est inférieur au nombre d’IP (294).
La cotation de l’impact clinique réalisée uniquement par les pharmaciens est une faiblesse méthodologique. Il aurait été plus pertinent de réaliser une double cotation de l’impact clinique (pharmacien et médecin). Se pose la question de l’intérêt de deux cotations cliniques (erreur de prescription et intervention pharmaceutique). Le choix de l’échelle de cotation n’est pas discuté. Le choix d’une échelle largement utilisée comme celle de Hatoum aurait été plus pertinent.
Conclusion/Implications en pratique : cette étude renforce l’intérêt d’actions de pharmacie clinique en service d’oncologie tout en mettant en évidence la difficulté d’évaluer impact réel de ces actions. Le développement de référentiels internationaux et d’indicateurs standards spécifiques à l’oncologie pourrait permettre une meilleure comparaison des pratiques.
Rédigé par François Lesauvage