Un profil moléculaire, permettant de diviser les cancers colorectaux en six sous-types ayant des pronostics différents et des réponses aux traitements différentes, a été identifié par des chercheurs helvético-américains qui publient leurs travaux dans Nature Medicine.
Anguraj Sadanendam de l'Institut suisse de bio-informatique à Lausanne et ses collègues ont étudié 1.290 tumeurs colorectales traitées par différentes modalités, auxquelles s'ajoutent 80 autres tumeurs évaluées pour leur sensibilité au cétuximab. En évaluant les profils d'expression génique de ces tumeurs ils ont identifié une signature moléculaire basée sur 786 gènes.
Cela leur a permis de diviser les cancers en six catégories, dont les profils moléculaires correspondaient à des caractéristiques cellulaires différentes, elles-mêmes associées à des positions différentes des cellules dans les cryptes intestinales.
Il y avait :
- des cellules "stem-like" (proches de cellules souches) situées au fond des cryptes,
- des cellules "goblet-like" et des cellules "transit-amplifying" (divisées en deux groupes selon la sensibilité au cétuximab) dans les côtés des cryptes,
- des entérocytes situées au sommet,
- et enfin ou sous-groupe de cellules ayant un caractère inflammatoire.
Les chercheurs ont pu relier ces différents sous-groupes au pronostic et à la réponse au traitement.
- Les cellules "goblet-like" et "transit-amplifying" ont un bon pronostic après la chirurgie et ne nécessiteraient pas de traitement adjuvant. Et au stade métastatique, les "goblet-like" répondraient bien à la chimiothérapie, préférentiellement FOLFIRI, et les "transit-amplifying" devraient être traitées soit par cétuximab en cas de sensibilité à ce dernier, soit par un inhibiteur de cMET.
- Les autres sous-types devraient recevoir un traitement adjuvant.
Les cellules "stem-like", de mauvais pronostic, devraient être traitées par FOLFIRI, en adjuvant comme au stade métastatique. Les cellules inflammatoires et les entérocytes, de pronostic intermédiaire, devraient recevoir en adjuvant une chimiothérapie (préférentiellement FOLFIRI) ou un autre traitement à déterminer. En métastatique, le traitement reste à déterminer.
Ces résultats nécessitent d'être validés, notamment dans des études prospectives, et en cas de confirmation de leur pertinence, cela permettrait de fournir un guide de traitement personnalisé des cancers colorectaux, estiment les auteurs.
Leur classification pourrait toutefois entrer en concurrence avec d'autres classifications. Dans la même revue est publiée une autre étude de chercheurs européens qui, quant à eux, ont étudié non pas le profil d'expression génique mais l'instabilité génétique des tumeurs.
Ils ont ainsi séparé les tumeurs en trois groupes, dont un -caractérisé notamment par une instabilité des ADN microsatellites- qui était associé à un très mauvais pronostic et qui était réfractaire aux anti-EGFR.
(Nature Medicine, publication en ligne du 14 avril)